Trier sa munition manufacturée

Effet en cible
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Comprendre la performance pure d’une munition revient à évaluer son impact direct sur la vitesse initiale et la dispersion du groupe. La répétabilité de la masse de poudre entre cartouches est le facteur dominant : une variation de charge modifie la vitesse initiale, ce qui se traduit immédiatement par des écarts de point d’impact et un élargissement des groupements. Pour un tireur axé sur la précision, toute incertitude dans la charge introduit un bruit balistique qui empêche d’isoler l’effet d’un réglage ou d’un choix d’ogive.

L’uniformité d’un lot permet de transformer des essais en conclusions exploitables. Des cartouches d’un même batch, fabriquées avec les mêmes composants et tolérances, réduisent l’écart type des vitesses et stabilisent la trajectoire observée. Travailler sans cette stabilité rend vaine la recherche d’optimisation fine, car les améliorations mesurées pendant un test peuvent disparaître avec une autre boîte ou une autre production.

La politique d’achat perd de son sens quand la munition est imposée; pour la catégorie F300 en Suisse, les cartouches d’ordonnance militaire sont la règle et il n’y a pas de liberté de choisir des lots « match ». Dans ce contexte la marge de manœuvre se déplace vers la maîtrise opérationnelle : tester systématiquement les lots fournis pour regrouper les cartouches avec des tolérances similaires.

La pesée personnelle permet de constituer des sous-lots en se basant uniquement sur le poids des cartouches, avec des plages de tolérance fines pour limiter les écarts massiques entre cartouches.

Idéalement, on calcule la masse moyenne du lot, on définit une tolérance stricte autour de cette moyenne, par exemple ±0,02 à ±0,05 g selon la résolution de la balance, et l’on regroupe les cartouches dont la masse se situe dans ces intervalles; on place les autres dans des boîtes séparées. Cette approche réduit le « bruit » balistique lié à des variations de charge ou de composant sans modifier les munitions, et permet d’obtenir des séries plus homogènes lors des séances sensibles. Il reste indispensable de valider chaque sous-lot par chronographe et séries de tir afin de vérifier que le tri massique se traduit effectivement par une réduction de l’écart-type de la vitesse et un resserrement des groupements, puis d’ajuster les plages de tolérance en fonction des résultats observés. Pensez à prendre un lot représentatif de cartouche (une boite de 50 par exemple pour la GP90).

La balance recommandée pour le tri massique doit lire au minimum à 0,01 g et fournir des mesures reproductibles. Choisissez un modèle stable, à plateau rigide, facile à calibrer et adapté en capacité (≥100–500 g). En pratique : laissez les cartouches s’acclimater quelques minutes, manipulez-les rapidement pour éviter de les chauffer puis formez vos lots personnalisés.

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